Puisque les camionnettes pleine grandeur ne cessent de gagner en dimensions, en puissance et en prix, plusieurs personnes intéressées à se procurer une camionnette se tournent davantage vers des versions intermédiaires. De ce lot, on retrouve le Jeep Gladiator qui est entré en scène
avec fracas il y a maintenant trois ans. On nous propose les mêmes caractéristiques tout-terrain du modèle Wrangler, avec le côté pratique d’une caisse de chargement de cinq pieds. De plus, sa silhouette lui donne un air de robustesse qui sied bien à la catégorie et à la vocation.
De prime abord, ce modèle a tout pour dominer la catégorie d’autant plus qu’il peut être commandé avec un moteur diesel, sans oublier une capacité de charge dépassant les 700 kg et de remorquage de plus de 7000 livres, ce qui est fort intéressant pour la catégorie. Mais avant de vous précipiter
chez le concessionnaire Jeep pour en commander un, prenez le soin d’effectuer un essai routier et en plus lisez ce qui suit. Cela pourrait vous éclairer.
Un Wrangler Plus
Si on voulait simplifier, on pourrait décrire le Gladiator comme étant un Wrangler doté d’une caisse de chargement. C’est un peu trop simple comme description, puisque chez Stellantis on ne cesse d’insister sur le fait que les ingénieurs ont dessiné un châssis exclusif à ce modèle qui est
nettement plus costaud que la version régulière. Et s’il est vrai que ce châssis a connu des ennuis de fiabilité lors du lancement, on nous garantit que ses ennuis sont chose du passé depuis des lunes.
Naturellement, comme tout véhicule de cette marque, il est possible de modifier la configuration du toit, des portières et même du pare-brise selon le modèle choisi. Pour plusieurs, cela suffit pour les convaincre. Et une fois qu’on a pris place à bord, on est confronté à un tableau de bord similaire à celui du Wrangler avec des boutons surdimensionnés permettant d’être manipulés avec des gants, une disposition relativement simple des commandes et une finition adéquate. Détail intéressant, même si ce n’est pas capital, les commandes des vitres sont au centre de la planche de bord, juste dessous des commandes de climatisation. Et pour un véhicule de cette catégorie, la finition et la qualité des matériaux sont plus que correctes. Et, bien entendu, puisque ce tout-terrain est susceptible de voir son habitacle souillé à l’usage par les occupants dont les bottes et même les vêtements seraient maculés de boue, les matériaux choisis permettent un lavage plus intensif que d’autres.
Les sièges avant sont confortables et offrent un support latéral correct. Quant aux places arrière, l’habitabilité est bonne à moins que vous ayez une configuration corporelle hors normes.
Motorisation correcte
L’acheteur a le choix entre un moteur à essence V6 de 3,6 litres d’une puissance de 285 chevaux associés de série à une boîte manuelle à six rapports. Pour ceux qui n’aiment pas cette configuration, il est possible d’opter en option pour une boîte automatique à huit rapports, qui rend la conduite beaucoup plus facile. La raison est bien simple, en ce qui me concerne, la pédale d’embrayage est mal
placée de sorte que notre jambe gauche semble toujours à la mauvaise place. Quant à la transmission automatique, elle accomplit du bon boulot.
L’autre offre en fait de motorisation est un moteur V6 diesel 3,0 litres d’une puissance de 260chevaux, mais surtout d’un couple de 442 livres-pieds. Comparativement à la version à essence dont le couple n’est que de 260 livres-pieds. Autre détail, seule la boîte automatique est disponible avec le diesel. Ce moteur est efficace, possède un couple très élevé qui convient fort bien à l’utilisation anticipée, mais les prix effarants de ce carburant risquent d’en décourager certains.
Comme le Wrangler, les suspensions avant et arrières sont à essieu rigide, mais si l’essieu avant est emprunté à celui-ci tandis que l’arrière a plus d’affinités avec le Ram1500, toutes proportions gardées.
Soulignons au passage que le modèle mis à l’essai était la version Willys qui est en fait élaborée à partir du modèle de base Sport S. L’édition Willys vous est proposée avec des roues noires de 17 pouces garnies de pneus spéciaux pour la boue, une grille de calandre noire, des amortisseurs spéciaux
à l’avant et à l’arrière ainsi qu’avec un différentiel à glissement limité. Parmi les autres éléments ajoutés à notre véhicule d’essai, on retrouve une toile de protection de la caisse ainsi qu’un système audio Alpine de meilleure qualité. À cela s’ajoute moyennant quelques dollars additionnels, un écran d’affichage entre les cadrans indicateurs, un écran de gestion de 8,4 pouces ainsi que des
sièges et un volant chauffants.
Robuste passe-partout
À défaut d’offrir la même sophistication mécanique, esthétique et de confort que plusieurs modèles concurrents, le Gladiator est une camionnette que presque aucune condition routière, de sentiers et même de montagne n’arrêtera. La marque Jeep a fait ses preuves au cours des années et elle demeure la référence en ce qui concerne la conduite dans des conditions hors normes.
Mais cela nécessite une robustesse de bon aloi. Ce qui explique pourquoi cette camionnette n’est pas nécessairement une championne de l’autoroute. Sa suspension est passablement ferme, les sonorisations nettement perfectibles tandis que les immenses pneus de conduite hors route ont pour
effet d’augmenter la consommation de carburant et le niveau sonore dans l’habitacle. En plus, ce qui est apprécié davantage en conduite hors sentier, c’est cette direction passablement floue qui devient un irritant dans la conduite de tous les jours.
Par contre, si vous avez un chalet, un camp de pêche ou de chasse situé dans un endroit difficile d’accès, qui vous oblige à emprunter des routes en fort mauvaise condition et parfois enneigées ou boueuses, et que vous devez transporter des objets encombrants, c’est la camionnette qu’il vous faut
ou tout au moins que vous devriez envisager.
Par contre, il ne faut pas se laisser convaincre par cette silhouette de baroudeur avec ces crochets montés sur un pare-chocs plus que rigide et dont la configuration des pneumatiques devrait permettre à vos voisins de vous prendre pour un vrai de vrai. Non seulement votre expérience de conduite ne répondra pas à vos attentes, mais c’est vraiment payé cher pour tenter d’épater ses voisins. En effet, le modèle que j’ai mis à l’essai affichait une facture d’environ 70 000 $. C’est un peu élevé pour se faire brasser, surtout si vous vous attendez à autre chose.
Par contre, pour les purs et durs de la conduite hors route, c’est une proposition gagnante.