Dans les années 50, 60 et même 70, la marque Lincoln avait du panache et rouler au volant d’une des voitures de la marque était signe que vous aviez réussi dans la vie. Malheureusement, sans doute sous la tutelle des comptables qui géraient cette division, on s’est contenté au fil des années de nous offrir des versions des modèles Ford maquillées en voiture de luxe, mais sans intérêt et sans personnalité. On s’est ramassé il n’y a pas si longtemps que le seul véhicule de luxe offert sous la marque fût le Town car, un taxi déguisé en voiture de luxe et doté d’un essieu rigide arrière emprunté à la camionnette F150 ou presque. On vantait plus la capacité de charge de la voiture et de la grandeur du coffre que tout autre élément.
Il a fallu Alen Mullally qui avait été débauché de chez Boeing pour venir sauver la compagnie Ford en sérieuses difficultés pour lancer une bouée de sauvetage à Lincoln. Il a accompli des miracles et le constructeur a retrouvé sa rentabilité. En plus, il a convaincu les gens de donner un nouveau souffle à la division Lincoln avec le développement de nouveaux modèles qui lui seraient exclusifs ou presque.
Une flopée de nouveautés est venue garnir la gamme de la marque et on a même poussé l’audace à en faire une compagnie automobile à part entière et non plus une division de la Ford Motor Company. Lincoln possède même un centre de design indépendant de Ford. Actuellement, la palette de modèles comprend quatre VUS, dont le nouveau Navigator qui a été nommé l’utilitaire nord-américain de l’année en janvier dernier.
La plus récente berline à se joindre à la famille est le Continental qui a impressionné par son nouveau design et son raffinement technique lors de son arrivée en 2016. Il venait se joindre au MKZ qui tentait sans trop de succès de s’imposer sur le marché. L’arrivée du Continental a incité les ingénieurs à dépoussiérer le MKZ qui a bénéficié l’an dernier d’une révision esthétique et mécanique.
La première chose que l’on remarque sur cette nouvelle mouture est que les stylistes se sont débarrassés de l’affreuse grille de calandre qui tentait tant bien que mal de s’inspirer de ce que BMW nous propose depuis des décennies. On avait essayé de contourner la difficulté, mais sans grand succès. Curieusement, on a modifié l’avant, mais on a laissé l’arrière pratiquement intact. Cela lui confère un petit look assez particulier qui n’est pas déplaisant non plus. C’est un peu la même chose lorsqu’on dit de la personne qui louche qu’elle une coquetterie à l’œil. Cette fois, c’est son arrière qui est coquet.
Tous les MKZ sont à traction intégrale.
L'arrière est demeuré inchangé.
Des jantes de 19 pouces assez élégantes.
La nouvelle grille de calandre est plus élégante que l'ancienne.
Ford veut rehausser le prestige de Lincoln.
Les blocs optiques sont bien intégrés.
Un peu de chrome rehausse l'apparence.
L’habitacle est cossu alors que le cuir domine et recouvre la planche de bord tandis que la présentation de tableau de bord est plus ou moins similaire à celle du Ford Fusion. Si la console centrale verticale est plus élaborée sur le MKZ, on observe qu’il y a peu de changement sur la section de la planche de bord qui fait face au passager. La raison est bien simple, c’est que cette Lincoln est dérivée du modèle Ford et il y a donc certains éléments qui sont incontournables, notamment les systèmes de ventilation et plusieurs autres accessoires de commande.
Remarquez les pavés de sélection de vitesse à gauche de l'écran.
Il faut noter que la sélection des vitesses de la boîte automatique à six rapports s’effectue par le biais de pavés placés à gauche de la console centrale. Au début, ce n’est pas tellement instinctif, mais on s’y habitue progressivement. D’ailleurs, lorsque j’ai pris le volant d’un véhicule doté d’un levier de vitesses conventionnel, j’étais un peu désorienté.
L’habitacle est confortable, les sièges avant offrent un support adéquat compte tenu de l’utilisation boulevardière anticipée tandis que les places arrière pourraient être un peu plus accueillantes pour les personnes de grand gabarit.
Soulignons au passage le système audio de marque Rebel qui est une version plus sophistiquée de la marque Harman/ Kardon. Noblesse oblige. Il faut également ajouter que la présentation de l’habitacle et le caractère cossu de ce dernier est une heureuse surprise pour une voiture luxueuse, mais dont le prix inférieur à 65 000 $ se révèle une aubaine à ce chapitre.
Les commandes par le biais de l'écran sont relativement faciles à gérer.
Les surpiqures ajoutent au caractère luxueux.
Cette grille métallique ressemble à ce que Mercedes-Bez offre.
Finies les commandes tactiles.
Il est possible de rabattre les rétroviseurs au toucher d'un bouton.
Notre modèle d’essai était la version la plus puissante avec son moteur V6 4,0 litres biturbo produisant 400 chevaux et 400 livres-pieds de couple. Et en plus des boutons de passages des rapports, on peut s’exécuter par le biais de manettes placées derrière le volant. La suspension est bien entendu indépendante aux quatre roues et elle est adaptative ce qui ajoute au confort et au comportement routier. Pour le reste, cette Américaine propose la plupart des composantes de sécurité que l’on retrouve sur tous les modèles de cette catégorie et même plus encore.
Difficile de ne pas voir la tige de vérification du niveau d'huile.
V6 3,0 litres biturbo de 400 chevaux.
Au chapitre de la conduite, certains amourachés des voitures allemandes ou rien d’autre, se plaisent à critiquer le caractère routier de cette Américaine. Vrai, il se peut que les allemandes les mieux équipées puissent offrir mieux en fait d’agrément de conduite et de tenue de route, mais pour la majorité des automobilistes qui apprécient le luxe, une conduite rassurante et des performances quand même assez nerveuse puisqu’il faut moins de six secondes pour boucler le traditionnel 0–100 km/h, c’est fort intéressant. La direction à assistance électrique n’a peut-être pas la précision d’une Ferrari, mais c’est d’emblée fort acceptable et suffisamment précis.
Somme toute, il faut se débarrasser des préjugés envers les berlines américaines de luxe et celles de cette marque en particulier. Au prix demandé, on peut pratiquement parler d’une aubaine. Si vous aimez une voiture performante qui dorlote son conducteur et ses passagers, la MKZ devrait faire partir de votre liste de magasinage.