Le hasard se termine parfois par d'heureuses conclusions. En effet, alors que je devais prendre possession d'une Volvo pour un essai routier, celle-ci n'était plus disponible et on m'a suggéré de faire l'essai du Honda Prologue. Je dois avouer qu’à prime abord, le mot Prologue prononcé à l'anglaise par le responsable de la flotte de presse, ne me disait absolument rien. Jusqu'à ce que je me retrouve en présence de cette Honda EV. Et pourquoi ce modèle pourtant tout nouveau et supposément fort intéressant était disponible, c'est parce que les journalistes ne semblaient avoir aucun intérêt envers ce modèle et qu'il était donc disponible. Curieux quand même !

L'une des explications pour cette désaffection est qu'il s'agit d’un véhicule dérivé du Chevrolet Blazer et comme il s'agissait d’un produit concocté en collaboration avec General Motors, on ne semblait pas s'intéresser à la version Honda.
Curieuse réaction quand même.En effet, il est vrai que Honda, ayant enregistré un certain retard dans le développement de véhicules entièrement électriques, s'est associé à un constructeur qui avait priorisé cette
technologie. Avant de pouvoir dévoiler une multitude de modèles de conception Honda dans les années à venir, cette alliance était logique. En effet, la plate-forme Ultium de GM est l'une des plus sophistiquées sur le marché et elle est utilisée depuis quelque temps. Bref, soulignons que la carrosserie a été dessinée par les stylistes japonais tandis que la fabrication du Prologue s'effectue à l'usine de GM au Mexique.
Élégance conventionnelle

Il faut féliciter les stylistes de Honda de ne pas avoir succombé à la tentation de se livrer à des excès de design pour souligner qu'il s'agit d’un véhicule à motorisation électrique. Au premier coup d'œil, rien ne permet de déceler qu'il s'agit d’un VE. Pas de calandre excessive, pas d'utilisation de volutes des phares à DEL, bref une silhouette conventionnelle et élégante qui devrait bien vieillir au fil des années. Cependant, cette sagesse esthétique est peut-être la raison qui explique l'absence de réaction au lancement de ce modèle pourtant assez spécial.
La planche de bord est dominée comme sur tous les nouveaux modèles par un écran de 11,3 pouces tandis que l'affichage des principaux cadrans indicateurs est logé dans un écran de 11 pouces. La définition de ces deux éléments est bonne, leur consultation simple tandis que la gestion de l'écran principal ne pose aucun problème. Cependant, les concepteurs auraient pu faire preuve de peu plus d'imagination dans la présentation graphique, comme on le fait si bien chez Hyundai par exemple.

Les commandes sont relativement simples et ceux qui connaissent les produits Honda vont s'y retrouver facilement. Les sièges sont confortables, mais leur support latéral est moyen, sans plus. Certains de mes collègues ont critiqué la qualité des plastiques utilisés en certains endroits, soulignant que cela devait être l'influence de leur partenaire américain, reconnu pour une utilisation abusive de ces plastiques. Cependant, force est d'admettre que c'est fendre les cheveux en quatre puisque la cabine dans l'ensemble est d'une belle finition, sans plastique dur omniprésent et en plus l'habitabilité est bonne à l'avant comme à l'arrière. Quant au coffre à bagages, il est spacieux et il est même supérieur à certains VUS de catégorie supérieure. Soulignons que comme le Chevrolet Blazer, le Prologue est de taille moyenne.

Traction intégrale au Canada
Comme c’est souvent le cas, la version canadienne du Prologue sera exclusivement offerte avec les roues avant et arrière motrices tandis que chez nos voisins du Sud, l’acheteur pourra opter pour une traction ou l’intégrale. Parlant de commercialisation, il faut souligner que ce modèle ne sera disponible que dans trois provinces canadiennes : le Québec, l’Ontario et la Colombie-Britannique. Vraiment, c’est un véhicule qui porte bien son nom, puisque Honda s’en sert comme véhicule d’évaluation pour ce nouveau marché pour ce constructeur.

En ce qui concerne la motorisation, on retrouve un moteur à l’avant produisant 241 chevaux et 225 livres pieds de couple tandis que l’essieu arrière est animé par un moteur de 90 chevaux et 121 livres pieds de couple. Donc, au total, la puissance est de 288 chevaux et le couple de 333 livres-pieds. Ce qui permet de boucler le 0-100 km/h en moins de sept secondes. Et comme tous les véhicules à motorisation électrique, les dépassements se font sans ennui tout comme les reprises.
Comme sur la majorité des véhicules de ce genre, la transmission se limite à une prise directe. Par contre, certains concurrents, les Coréens entre autres, continuent d’équiper leurs VE avec des transmissions à multiples rapports.

Si Honda annonce une autonomie de 450 km,lors de mon essai, la recharge à 100 % affichait une autonomie de 493 km ! Ce qui est excellent et de plus, à l’usage, lorsque je franchissais la distance de 50 km par exemple, le véhicule ne consommait que 45 km d’autonomie. Par contre, l’affichage de la planche de bord ne fait que donner un pourcentage de recharge et ce n’est que lorsqu’on est en route que l’autonomie en kilomètres est
affichée.
Plus de pour que de contre
Dans la vie, il arrive souvent que quelqu’un vous interpelle en vous demandant si vous voulez avoir la mauvaise nouvelle ou la bonne nouvelle en premier. La plupart du temps, les gens veulent avoir la bonne nouvelle, mais dans le cas qui nous concerne, je vais y aller des mauvaises nouvelles qui ne sont pas tellement mauvaises en soi.
Ma première critique porte sur la palette de gestion du freinage régénérateur placé à la gauche du volant. Cette position est correcte d’ailleurs et la quasi-totalité des constructeurs l’a adoptée. Mais, catastrophe, on a placé un
mini levier immédiatement en bas du premier et celui-ci actionne la sélection des postes de radio. Donc, inconsciemment, vous voulez freiner, et vous interrompez momentanément l’émission ou la musique que vous écoutez pour passer à un autre diffuseur. Au début, j’essayais par l’écran principal de revenir à mon écoute première, mais ce n’était pas tellement évident bien que, dans l’ensemble, la gestion de l’écran principal est relativement simple. Puis, j’ai réalisé qu’en appuyant à nouveau sur ce petit levier, je pouvais revenir à la station initiale. Ce n’est peut-être qu’une peccadille, mais à la longue, c’est agaçant en ta…..!

L’autre mauvaise nouvelle, et enfin il ne s’agit que d’un détail, mais d’importance quant à moi. La plupart des véhicules électriques, lorsqu’on ouvre le capot avant, on se retrouve devant un réceptacle en plastique permettant d’y loger certains éléments. Ce n’est pas le cas sur le Prologue alors qu’on ouvre le capot et on découvre un moteur électrique imposant exposé à la vue avec tous les autres accessoires qui le complètent. Pourtant, il y a un bon espace entre la cloison avant et ce moteur. On aurait pu facilement y loger un espace de rangement. C’est peut-être une peccadille, mais le diable est dans les détails.
Enfin, il s’agit d’un élément purement hypothétique pour cette Honda. En effet, comme elle est dérivée du Chevrolet Blazer EV et qu’on a cessé la distribution initiale de ce dernier en raison de problèmes multiples, on est en droit de s’interroger si la version nipponne n’est pas affectée des mêmes problèmes. À ce jour il ne semble pas que ce soit le cas et Chevrolet a réglé les problèmes et le Blazer est à nouveau commercialisé.

Passons aux bonnes nouvelles. En général, ce véhicule est agréable à conduire, sa direction est précise tandis que les accélérations et reprises sont dans la bonne moyenne pour autant que l’on ne se prenne pas pour un pilote de Formule 1.Il y a bien un mode sport de disponible, celui-ci est censé maximiser les performances et modifier également la direction pour la rendre plus directe, mais à l’usage je n’ai pas noté de différence notable.
De plus, un des éléments les plus importants pour les véhicules du genre, c’est le confort de la suspension en général. En effet, contrairement au Blazer EV dont la suspension est réputée ferme, les modifications apportées aux suspensions avant et arrière par les ingénieurs de Honda permettent de concilier un comportement routier correct et un bon niveau de confort.
Un choix intéressant

Même si Honda n’a pas vraiment déployé beaucoup d’efforts pour faire connaître ce nouveau modèle et si plusieurs personnes se méfient du Prologue en raison de ses origines, les personnes à la recherche d’un VUS à motorisation électrique devraient au moins s’intéresser à ce modèle pour le comparer à la concurrence au lieu de l’ignorer. Après tout, si Honda a opté pour la technologie Ultium, ce n’est pas sans raison valable.