Je suis persuadé que ce titre vous rend perplexe ou même incrédule. Pourtant, la journée où j’ai décidé de respecter les limites de vitesse sur le Boulevard Métropolitain à Montréal m’a quasiment fait craindre le pire. Je sais bien, vous allez me dire que rouler à cette vitesse sur cette artère fortement achalandée c’est courir après le trouble. Pourtant, pour une fois, j’ai décidé de ne pas suivre la circulation, mais de suivre les limites de vitesse légales.
Donc, dès la sortie du pont-tunnel Hippolyte Lafontaine en direction ouest, j’ai décidé de me limiter à la vitesse prescrite. Déjà, j’ai irrité bon nombre de personnes qui me regardaient d’un air sombre lorsqu’elles doublaient ma voiture. Et un coup d’œil à mon rétroviseur a mis en évidence l’imposante calandre d’un poids lourd qui en voulait pratiquement à mon pare-chocs arrière.
Puis, une fois sur le Boulevard Métropolitain lui-même, je me suis placé dans la voie de centre afin de permettre à la circulation de gauche et de droite de rouler à la vitesse « normale », soit plus de 100 km/h. Quant à moi, j’ai continué à maintenir le cap et de ne pas dépasser la limite de vitesse de 70 km/h. J’ai eu droit à une dame roulant derrière mon véhicule qui m’a fait plusieurs doigts d’honneur et autres gestes de même nature pour m’inciter à rouler plus rapidement. Elle semblait profondément irritée de ma vitesse qui l’empêchait de rouler plus vite.
N’empêche que plusieurs personnes m’ont doublé par la droite pour prendre par la suite la voie centrale et continuer à rouler de façon à dépasser la limite affichée.
J’ai eu une bonne idée que ce que je faisais était quasiment suicidaire lorsqu’un véhicule de la Sûreté du Québec m’a doublé par la gauche, que le policier au volant m’a regardé et m’a fait signe en pointant son doigt vers sa tempe que j’étais un peu cinglé de respecter la loi !
C’est vraiment intimidant. La pression exercée par les autres automobilistes se fait sentir de plus en plus au fil des kilomètres et le stress s’installe assez rapidement alors que plusieurs des autres automobilistes partageant votre route font des doigts d’honneur, klaxonnent ou vous regardent d’un air sombre. Heureusement, la section du Boulevard Métropolitain n’est pas nécessairement très longue, mais suffisamment longue pour découvrir que personne ne roule à la vitesse affichée et que la moyenne est sensiblement tout près de 95 km/h et parfois de plus de100 km/h.
Mon calvaire s’est terminé lorsque j’ai abordé l’autoroute 40 dont la vitesse légale est de 100 km/h, ce qui a permis à plusieurs automobilistes de maintenir la même vélocité, mais celle-ci était plus près de la légalité que précédemment. Pour ma part, j’ai décidé de suivre les voitures dans la voie centrale. Sans consulter mon indicateur de vitesse, j’ai suivi le véhicule qui me précédait à une distance sécuritaire. Après quelques kilomètres, une vérification de mon indicateur de vitesse m’a permis de constater que je roulais à 120 km/h. Cette fois, personne n’était irrité par ma vitesse, puisque ça semblait être la vélocité « normale ».