Cyclistes en hiver: Agresseurs ou victimes ?

par Denis Duquet

· Opinion

Les cyclistes en hiver dans les rues des villes sont essentiellement un problème montréalais et peut-être également dans la région de la capitale nationale. En effet, la circulation lourde, les rues généralement mal dégagées et souvent glacées, rend la vie difficile aussi bien aux automobilistes qu’aux cyclistes qui osent s’aventurer sur nos routes en hiver. Dans une petite municipalité, le nombre de cyclistes hivernaux est très limité et la circulation relativement faible. Les antagonistes peuvent cohabiter assez facilement. Mais à Montréal, c’est autre chose.

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Faute de pistes cyclables déblayées ou encore parfois pour faire un pied de nez aux automobilistes, plusieurs de nos athlètes de la pédale hivernale roulent presque au milieu de la chaussée, au grand dam des automobilistes qui tentent de circuler plus rapidement et de se rendre à destination. Ceux-ci sont généralement frustrés par les conditions routières difficiles, les multiples nids-de-poule et autres entraves à la circulation en plus de devoir transiger avec une circulation cycliste. Cela dit, heurter un nid-de-poule en auto c’est désagréable, mais à vélo cela peut avoir des conséquences fâcheuses.

Cette situation est le fruit d’un manque flagrant de voies cyclables 12 mois par année. En effet, au cours de l’été, l’administration municipale se pète les bretelles lorsqu’elle annonce l’arrivée de nouveaux circuits cyclistes dans les rues de la ville. Même cela, si vous avez eu l’occasion d’emprunter ces pistes, on ne peut pas dire que ce soit vraiment impressionnant puisqu’il faut partager la chaussée avec des camions, des autobus et des automobiles. Et plusieurs de ceux-ci ne sont pas tellement conciliants avec les deux roues. Ceux-ci leur rendent la pareille à maintes reprises en ne respectant pas les normes de la circulation, se moquant des feux de circulation et provoquant les automobilistes en leur faisant un beau doigt d’honneur.

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Montréal devrait-elle emprunter le pas ou suivre la roue d’une ville comme Berlin qui a décidé de prioriser les cyclistes? En effet, la métropole allemande se prépare à développer un réseau de pistes cyclables exclusivement réservées aux vélos et ne partageant nulle part la chaussée avec les automobiles. On évite ainsi l’éternel problème du partage de la chaussée et des accidents, parfois mortels, qui surviennent. Il faut dire que la ville allemande est plate comme une galette, et les cyclistes ne sont pas obligés de grimper quelques-unes des célèbres côtes montréalaises pour se rendre à leur domicile ou à leur travail.

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Une telle politique permettrait de faciliter la vie des cyclistes et des automobilistes de part et d’autre. De plus, en hiver, les plus audacieux pourraient enfourcher leur bécane sans risquer leur vie. Et les automobilistes seraient moins stressés à devoir éviter ces chicanes mobiles qui tentent de rouler tant bien que mal dans des rues parsemées d’obstacle et ne ressemblant nullement à une piste cyclable.

Si on veut encourager la multiplication des cyclistes hivernaux, il serait également intéressant de concevoir des vélos mieux adaptés à nos hivers et résistants davantage à l’épandage du sel sur les routes. En effet, le calcium gruge les composantes mécaniques du vélo, souvent réalisées en alliage résistant assez mal à la corrosion. Il faudrait également songer à développer des cadres recouverts d’une pellicule protégeant mieux le métal ou l’aluminium.

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Certains constructeurs de vélos, il faut les trouver cependant, offrent une bicyclette acatène dotée d’un cardan qui remplace la chaîne, ce qui le rend résistant à la corrosion et l’amoncellement de saletés. Une autre solution, et celle-ci est plus répandue, est l'utilisation de vélos dotés d’un protège chaîne intégrale qui isole cette dernière de la corrosion. En général, ces bicyclettes sont également dotées d’une transmission intégrée dans le moyeu arrière, une autre protection contre les éléments.

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En plus, si vous observez les cyclistes hivernaux, vous allez remarquer que ceux-ci ne sont pas nécessairement habillés de la bonne façon pour pratiquer des déplacements à caractère sportif. Leur casque de protection généralement conçu pour l’été est parsemé de trous que l’on doit boucher pour empêcher l’air de pénétrer. Quelques-uns portent un foulard qui le recouvre leur visage et nuit parfois à leur visibilité tandis qu’ils portent d’énormes bottes entravant le coup de pédale. À ce chapitre, il est possible de s’acheter de multiples versions de souliers ou de bottes de vélos hivernales qui assurent une bonne protection et une bonne efficacité du pédalage.

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Bref, le cyclisme en hiver n’est peut-être pas réservé pour tout le monde, mais les cyclistes auraient la vie nettement plus facile avec des pistes cyclables indépendantes du réseau routier comme c’est le cas dans certaines grandes villes européennes. Il faudrait en plus offrir des montures mieux adaptées aux conditions hivernales canadiennes. Il y aurait sans doute plus de cyclistes sur les routes et ils seraient plus confortables.

Si Madame la Maire de Montréal ne veut pas de trottoirs chauffants pour la rue Sainte-Catherine, peut-être sa vision plus écologique pourrait l’inciter à développer de véritables pistes cyclables indépendantes afin d’optimiser la pratique du cyclisme en milieu urbain, et ce 12 mois par année. Elle n’aura qu’à se faire payer un petit voyage à Berlin pour s’en convaincre.

Le départage du réseau routier par les deux clans réglerait bien des problèmes, et ce hiver comme été.